"Si on est soutenu, on repart en 2026 car il faut finir nos projets": entretien avec le maire de Théoule-sur-Mer Georges Botella

Heureux comme poisson dans l’eau et joyeux comme écureuil en forêt. C’est ainsi qu’on pourrait résumer l’humeur de Georges Botella, maire d’une commune adossée au magnifique massif de l’Estérel, avec le regard rivé sur la Méditerranée. Depuis son accession en 2014, l’édile ne cesse de vouloir préserver et valoriser ces deux atouts naturels, tout en souhaitant redynamiser le village afin qu’il conserve ses forces vives. Entre vert et mer, le docteur centriste est déjà prêt pour une nouvelle campagne à Théoule.
Théoule est labellisé "Territoire engagé pour la Méditerranée" et vous avez réintroduit des oursins. Faut-il en interdire la pêche?
Il y a de moins en moins d’oursins, et donc du braconnage et de la vente illégale. Avec l’université de Corte, Sophia-Antipolis et Stella Mare, nous avons fait des prélèvements génétiques d’oursins. Élevés en Corse, 50.000 ont été réimplantés sur notre côte. En concertation avec la prud’homie des pêcheurs, on réclame un arrêté préfectoral qui interdira leur prélèvement durant trois ans, comme on l’a fait autour du Cap Roux. C’est du gagnant-gagnant pour la biodiversité et la pêche artisanale locale.
Pareil pour les jet-skis?
Certaines pratiques ne sont plus en phase avec le respect de l’environnement et des autres. Les jet-skis perturbent la faune marine, polluent, font du bruit, alors on souhaite les interdire sur notre parc marin. Mais l’idée n’est pas non plus de sanctuariser. Préserver, ce n’est pas mettre sous cloche. Il s’agit aussi d’expliquer, de sensibiliser, comme on le fait dans les écoles, pour susciter des comportements vertueux.
Pas de Canua Island, ça ne vous chagrine pas?
Pour moi, c’était une aberration. Au XXIe siècle, ça n’a plus de sens de faire un resto-boîte de nuit sur la mer, avec sa pollution sonore et lumineuse, et le modèle économique était difficilement viable. Et puis cela créait une concurrence déloyale avec nos plages en Délégation de service public (DSP). En combattant ce projet, on a aussi œuvré pour qu’il ne se reproduise pas ailleurs, à Saint-Tropez comme sur d’autres rivages.
La gestion du port de La Rague est attribuée exclusivement à Mandelieu, un manque?
On a fait appel de cette décision du tribunal administratif. Car La Rague représente un tiers de notre territoire portuaire, et le manque à gagner au prorata est d’environ 150 000 euros. Ça se passait très bien depuis 1984, mais l’arrêt de la concession Ari Boom et l’évolution de la loi nous sont préjudiciables. Nous, on souhaite le retour d’une cogestion via un syndic, même si Mandelieu, territorialement majoritaire, en a la présidence. Le tout, c’est que nous soyons associés aux décisions sur ce port qui fait partie de notre territoire.
La Figueirette, une consolation?
C’est un port en plein renouveau avec l’aménagement de la nouvelle capitainerie et la Maison du parc marin, le nouveau restaurant et un bistrot de pays sur l’ancienne capitainerie. On va aussi mettre entre 60 et 70 places de parking et des commerces à l’entrée. Ce sera un lieu de vie ouvert à l’année, comme pour les plages en DSP. L’architecte lauréat sera désigné cet été, pour démarrer le chantier en septembre.
Le gros chantier, ce sont les Portes de l’Estérel, dont certains pointent l’inflation du coût?
Le coût estimé est 13 M d’euros contre 8 M il y a quatre ans. Mais nous avons été ralentis par les tracasseries administratives et il a d’abord fallu réaliser un bassin de rétention à 2 M d’euros dans le vallon, qui sécurise tout le village en cas de grosses inondations. Nous avons déjà 1 M d’euros de subventions, mais le chantier est découpé par tranches et nous en obtiendrons d’autres au fur et à mesure des réalisations. À la fin, on espère atteindre 40% de subventions, mais de toute façon, on le fera.
Votre conseillère municipale Sophie Rohfritsch a eu cette formule lapidaire: "Ce n’est plus un parking, c’est Versailles!"…
C’est sans doute parce qu’elle habite à Paris. A chacun sa référence. A Théoule, c’est le Grand site de l’Estérel, pas Versailles. Les Portes de l’Estérel, ce n’est pas seulement un parking d’une centaine de places auto et vélo sur deux niveaux, c’est aussi le Centre technique municipal et un espace pédagogique d’exposition avec la Maison de l’Estérel. C’est une vitrine qui reflète aussi l’identité de notre village.
"Théoule doit rester un village exemplaire", avez-vous dit lors de vos vœux à la population. Slogan de campagne 2026?
Ah, tout est basé sur notre travail d’équipe. Si on est soutenu, on repart en 2026 car il faut finir nos projets. Nous sommes sur une bonne dynamique, avec un groupe intéressant, il y aura probablement des changements dans la liste, mais moi, je n’irai pas tout seul.
Avec quelle étiquette?
À titre personnel, j’ai toujours été centriste, donc aujourd’hui je suis encarté Renaissance par sensibilité, pas par stratégie politique. Je suis plutôt un rassembleur, pas un extrémiste, ce qui m’a peut-être joué des tours dans ce département. Mais en tant que maire, je m’engagerai sans étiquette avec une liste plurielle, car je travaille déjà avec des élus de tous bords et je considère que toutes les bonnes idées sont à prendre. Ce ne sera pas une liste politique, mais une liste de village pour l’intérêt général.
Au sein de votre conseil pourtant, certains se montrent déjà critiques et dénoncent une gestion autocratique?
Nous constituons un groupe majoritaire où dix ou onze personnes (N.D.L.R. : sur un total de quinze élus) travaillent sérieusement, se réunissent. On se voit régulièrement pour définir nos grandes orientations sur la sécurité, le social, la culture, le commerce, les plages… Après, il y a d’autres élus qu’on ne voit jamais sauf pour balancer de petites phrases en conseil municipal… À chacun de concevoir son rôle, mais si c’est pour critiquer sans avancer, ce n’est pas intéressant. En réalité, il n’y en a que deux qui râlent… (N.D.L.R.: allusion à Sophie Rohfritsch et Emmanuel Blanc).
Nous avons plus de 75% de résidences secondaires et 40 demandes de logements en attente. À nous de travailler sur la mixité sociale pour garder nos jeunes, avec notre projet en centre-ville ou sur le terrain du Suveret.
L’environnementNous œuvrons à la création d’un dixième parc régional Les Maures-L’Estérel-Tanneron avec 53 communes sur 200.000 ha préservés.
La valorisation de la communeIl s’agit d’éviter une urbanisation délirante pour préserver notre qualité de vie.
Mon coup de cœur, c’est le fruit de notre travail d’équipe. Pour faire avancer ce village, d’abord, avec comme finalité de voir des enfants heureux sur l’aire marine éducative. Ils m’ont même demandé de protéger les poulpes alors, oui, je leur ai fait la promesse que l’on va essayer de le faire.
Ce qui m’insupporte, ce sont les incohérences administratives. Comme le fait d’être classé commune rurale à habitat dispersé pour l’Insee alors que le Département nous classe de façon arbitraire commune urbaine, ce qui lui permet de nous donner moins de subventions.
Nice Matin